Plan Trump : des effets déjà dévastateurs sur le terrain

Il y a un mois, Trump dévoilait devant Netanyahou, ravi de ce cadeau électoral, son plan pour la liquidation du peuple palestinien et de ses droits. Un plan condamné unanimement par toutes les composantes politiques et par la société palestinienne, par la Ligue arabe, par l’organisation de la Conférence islamique, et qui a fait l’objet de déclarations encore bien trop timides des États européens.

Un moment tenté de prononcer immédiatement l’annexion à Israël des colonies et de la Vallée du Jourdain, Netanyahou se serait rangé aux demandes des États-Unis d’attendre les élections du 2 mars.

Mais dans les faits, dès l’annonce du plan Trump, sa mise en œuvre a immédiatement démarré sur le terrain avec des effets dévastateurs. Des centaines d’hectares de terres agricoles palestiniennes ont été ravagés par l’armée israélienne pour permettre l’accélération des travaux de construction des routes réservées aux colons. Dans la vallée du Jourdain – destinée à l’annexion – des colons totalement décomplexés imposent leur loi à une population sans défense. Des maisons ont été détruites ainsi que des structures d’irrigation, des écoles. Les villes palestiniennes de Cisjordanie sont investies chaque jour par l’armée israélienne qui n’hésite pas, comme elle l’a fait à Jénine, à tirer mortellement y compris sur un policier palestinien à l’intérieur de son commissariat. Les jeunes sont la cible d’un harcèlement systématique, des femmes quel que soit leur âge sont interpellées, des enfants y compris très jeunes sont blessés ou arrêtés dans des conditions totalement révoltantes.

Des images qui – alors qu’elles ont fait la une en Israël – n’ont pas ému les grands médias européens montrent le nouvel usage que l’armée israélienne fait du bulldozer. Comme à Kafr Qadoum, village résistant de Cisjordanie, où l’on a vu un bulldozer fonçant dans les rues du village, projeter des blocs de rocher sur les personnes présentes, y compris des enfants. Un bulldozer toujours, dans un autre village, pour rapporter le cadavre d’un Palestinien qu’elle avait tué 10 jours plus tôt. Et c’est encore avec un bulldozer que cette armée, qui s’autoproclame l’armée la plus éthique du monde, est venue – comme on se débarrasse de la carcasse d’un animal – s’emparer d’un jeune combattant palestinien de Gaza qui gisait à terre : des faits insupportables et dénués de toute humanité.

Tout cela dans le silence assourdissant d’une communauté internationale qui feint de l’ignorer, à l’exception des condamnations de routine à la suite de l’annonce de milliers de nouvelles constructions destinées à ancrer sur le terrain l’annexion des colonies.

Est-ce que ce sont les liens entre l’armée française et l’armée israélienne, qui ont manœuvré ensemble du 10 au 11 février 2020, qui rend notre gouvernement si frileux ? Combien de temps la France va-t-elle encore collaborer avec une armée qui chaque jour fait preuve de plus de barbarie à l’encontre des Palestiniens ?

Le temps n’est plus à l’attentisme. Cinquante anciens ministres des Affaires étrangères des États de l’Union européenne viennent d’écrire à leurs homologues en exercice pour leur demander d’agir.

L’Association France Palestine solidarité en appelle solennellement au président de la République : « Nous sommes dans une situation nouvelle qui appelle des actes ; la France, avec les États européens qui en ont la volonté, doit prendre des initiatives ; elle doit cesser immédiatement toute coopération militaire avec Israël, et mettre sur la table du Conseil européen la suspension de l’accord d’association de l’Union européenne avec Israël en cas de mise en œuvre du plan d’annexion » a déclaré son président Bertrand Heilbronn.

Le Bureau national de l’AFPS, 28 février 2020

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